Le Carxe (prononcez « Carche ») est une petite région de langue catalane, dans sa variante valencienne, située dans la province et région autonome de Murcie. Avec ses 300 km2 le Carxe a la dimension d’une comarque mais il est peu peuplé. C’est une région exclusivement agricole, avec de la vigne et des oliviers, qui subit un fort exode rural, comme toutes les régions de culture sèche du sud de la péninsule ibérique. Il y avait quelques trois mille habitants il y a un demi siècle, ils sont passés à moins de mille l’an 2.000 et il en reste 567 aujourd’hui.
Ce sont quelques villages et groupes de mas, qui appartiennent aux communes très étendues d’Iecla pour ceux du nord, de Jumella pour ceux du centre et de Favanella pour le sud. Cependant ces centres municipaux sont éloignés, à des dizaines de kilomètres, alors qu’ils ont tout près l’agglomération du Pinós, dans les Valls del Vinalopó du Pays Valencien, où vont les habitants du Carxe. Ils y sont en relation depuis toujours pour leurs achats, pour leur vie sociale ou parce qu’ils ont de la famille dans la région. Parmi ces villages, nous mencionerons le Carxe lui-même,
également nommé le Raspai, la Raixa, l’Alberquilla, la Torre del Rico, la Canyada del Trigo, la Canyada d’Alenya ou les Cases dels Frares. C’est une zone de montagnes moyennes et de vallées, avec au nord la Serra del Carxe, qui culmine à 1371 mètres, et au sud les Serres de Quives et de la Pila, toutes trois parcs régionaux.
Comme le royaume de Murcie fut conquis en 1266 par le roi Jacques 1er de Catalogne-Aragon, qu’il repeupla avec des colons venus de ses royaumes, donc des catalans, des aragonais et des valenciens, on pourrait penser que le Carxe est une survivance de ces anciens habitants. Ce n’est pas le cas. Nous savons que Jacques 1er le Conquérant a signé ensuite la Sentence arbitrale de Torrellas, selon laquelle il cedit Murcie au roi de Castille et, en compensation, il récupéra les territoires
valenciens, qui y ont apporté leur langue et leur savoir-faire, en particulier la culture de la vigne et l’élaboration du bon vin. Encore aujourd’hui le Carxe est un appendice linguistique et économique du Pays Valencien. Depuis les années 2000 la situation linguistique du Carxe est bien connue avec les travaux et publications de Braulí Montoya Abat, professeur de l’université d’Alacant et membre de l’IEC, sur la transmission et la variation linguistique au Pays Valencien et au Carxe, ainsi qu’avec les publications de son
élève Ester Limorti Payà.
Il y a quelques années, dans le journal de l’Université Catalane d’Été, l’UCE, je terminais ainsi une petite colonne sur le Carxe: “À l’UCE elle-même, il y a deux ans, lorsque nous avons présenté la carte murale scolaire des Pays Catalans, quelques personnes se moquaient de ce souci de mentionner le Carxe, qu’elles qualifiaient d’anecdotique et négligeable. Je ne suis pas d’accord. Mon opinion est qu’il n’y a pas de grands gains et de petites pertes, mais seulement des gains et des pertes. Également à l’UCE, il y a davantage d’années, j’ai eu la chance de connaître un groupe de jeunes du Carxe, animés, convaincus de ce qu’ils étaient et entreprenants. Ils venaient faire connaître leur petit pays, demander notre solidarité et recharger leurs piles, comme beaucoup de nous autres. Ne perdons par le nord et gardons le Carxe”.
Joan Becat
d’Elx,
d’Oriola, de Guardamar, d’Alacant et des Valls del Vinalopó. C’est encore aujourd’hui la limite entre les communautés autonomes de Murcie et du Pays Valencien. Quelques siècles après ces épisodes l’usage du valencien s’est perdu sur les terres
de Murcie.
L’expulsion des morisques au XVIIe siècle a eu des conséquences dans le sud du Pays Valencien comme à Murcie, dépeuplant des régions entières. Ce fut le cas du Carxe. Le repeuplement se fit au XIXe siècle afin de défricher et de faire
progresser l’agriculture, avec l’installation de